Václav Havel est mort ce matin 18 décembre à l'âge de 75 ans.

Publié le par Kalesh

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La République Tchèque vient de perdre son ancien président, le dramaturge, l'écrivain et intellectuel Václav  Havel, décédé ce dimanche 18 décembre 2011 à l'âge de 75 ans. Il s'est étéint dans son sommeil, dans sa maison de campagne où il a organisé des concerts underground et de nombreuses rencontres "interdites"avec d'autres dissidents pendant la période communiste.

L'annonce de sa disparition est un coup dur pour les tchèques qui lui vouaient dans la majorité une grande admiration. En tant qu'homme de lettres et qu'intellectuel qui a passé quelques six années derrière les barreaux pour ses activités dissidentes, il était le symbole de la consolidation retrouvée de la nation après la fin du régime communiste, nation qu'il a représentée à l'étranger plutôt brillament, nouant des liens prestigieux, grâce à son esprit, à sa foi humaniste et à son courage. C'était peut-être la seule personnalité tchèque dont on ne devait pas avoir honte ici, au contraire. 

Václav Havel a toujours avoué se penser davantage homme de lettres que politicien. Comme tous les hommes à la tête de l'état il a commis des erreurs qui ont leur poid sur les situations politique, économique et sociale actuelle en République Tchèque. Il n'est pas l'heure du bilan, non. Non plus le temps des reproches, ni des comparaisons avec les politiciens d'aujourd'hui qui sont dans l'ensemble plus que médiocres. Pourtant il est bon de ne pas idéaliser davantage le passé et de faire l'effort d'en tirer des leçons pour demain.

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Václav Havel s'est donc demandé tout au long de sa carrière politique si c'était là la place d'un homme de lettres.  Pour ma part, Václav Havel était avant tout un homme politique, une inspiraton importante pour la population (même si l'image qui est construite par les médias et que l'on se fait ne correspond à la réalité), population qui avait confiance en lui, qui le pensait honnête, dévoué à sa tâche, bref en qui elle voyait un bon exemple.

Aujourd'hui il est diffcile, en République Tchèque comme dans de nombreux pays d'Europe, de s'identifier avec les hommes et les femmes politiques en place. Surtout lorsque l'on sait que les médias nous mentent, que les personnes engagées dans la politique n'ont pour intérêt que le leur propre, qu'ils occupent ces postes plus par opportunisme que par conviction politique ni même par envie sincère de servir les gens qui les élisent et les payent pour remplir cette tâche. 

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Václav Havel, lui, venait d'une riche famille très connue et influente de la Première République Tchécoslovaque (1918- 1938). Il en garda  l'élégance, la culture et le charisme nécessaires pour bien représenter son pays, notamment à l'étranger. Cependant, il a failli à certains de ses devoirs de président, de coordinateur politique intransigeant sur la face à donner à la jeune démocratie issue des changements de 1989. Par exemple il a laissé en place les communistes qui ont encore la main quasi exclusive sur les fonctions les plus déterminantes de la vie économique, sociale et politique du pays. Il n'a pas rendu la justice après 89 et a préféré appliquer une sorte de politique du "pardon national" qui a de lourdes conséquences sur la santé morale de la société tchèque d'aujourd'hui. Car "on ne construit pas sur du pourri", comme l'expression française le dit. 

 

Evidemment l'heure du dueil empêche ce genre de retour en arrière et de réfléxions "subjectives" sur la façon dont Václav  Havel a mené à bien sa politique donc celle du pays. Et c'est bien dommage. Retenons avant tout qu'il était un homme de lettres et une personnalité publique importante, qui a défendu dans ses discours et dans ses actes une vision humaniste de la démocratie en laquelle il croyait profondément. Et qu'il a fait des erreurs politiques graves une fois arrivé au pouvoir après la chutte du communisme. Donner des responsabilités à d'anciens communistes et collaborateurs de la Police Politique (STB) au sein du nouveau gouvernement en construction est par exemple une grande erreur, que l'on peut comprendre ainsi: Havel était un grand idéaliste, un vrai humaniste, à qui il manquait une vision politique globale, stricte, une sorte de 3ème voie. Il attendait que tous les gens soient comme lui, ce qui est bien évidemment, impossible. 


De nombreux livres de Václav Havel sont parus en français, des pièces de théâtre, des recueils de lettres rédigées pendant ses années de prison à sa femme Olga, autant de lectures que je vous conseille pour découvrir ce président hors du commun qui vient de nous quitter et qui laisse derrière lui, malgré tout, d'innombrables questions sans réponses sur la santé de la démocratie dans ce pays. 

Publié dans Social actualities

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